PORQUE...
Tu
ne me connais pas, je ne te connais pas.
C’est par la magie de l’e-mail que nous correspondons.
Pourtant comme un écho de communication
me crie que dans une autre vie
nous étions quelqu’un l’un pour l’autre.
Je t’écris « tu »
tu m’écris « tu » tout simplement :
Porque
eres la bonita
pequeña Princesa…
Ah ! Si j’ai quand même une photographie de toi
-celle de ce journal littéraire-
tu t’y montres Espagnole, bien sûr
mais lionne avec des yeux qui partent en flèches
à la conquête de tout de tous ;
des yeux tout chauds de braise ardente et d’ombres.
Clairs tes cheveux ruissellent
enluminant ton sourire à croquer :
Porque eres la bonita
pequeña Princesa.
Mais attention danger :
on ne rencontre pas un tel visage impunément
sans prendre une alerte en plein cœur ;
lorsque passe Ana Hermosa
mâle téméraire prend garde en croisant son regard,
il étincelle de cent mille étincelles
à tes risques et périls !
¡Ah ! Porque eres la bonita
pequeña Princesa…
J’ai donc l’âge de ton père
pourtant le temps
demeure un leurre :
c’est nous qui passons mais pas lui.
Nous allons vers l’Eternité
-qui est absence de temps-
par toi nous la frôlons déjà.
Autour de toi tout frémit d’ailes
de fée loin des calendriers :
Porque eres la bonita
pequeña Princesa…
Jeunesse n’est pas qualité mais promesse.
Et dans tous les champs du repos
-et du dernier silence-
dorment tant de morts jeunes et de jeunes morts !
La jeunesse dit « peut-être »
mais l’âge mûr dit « c’est certain ».
Je t’ai attendue tant de temps ;
Porque eres la bonita
pequeña Princesa…
Il faut se faire d’autres raisons ;
on me l’a dit, je n’y crois pas :
je serais du bois du bronze et du brocard
des
Lorca, Péguy, Prévert…
A cela je ne croyais pas il a fallu qu’on me l’assène
tant, que je dois écrire pour toi :
Ya que eres mi bonita
pequeña Princesa…
Je paressais dans la tiédeur
de mon gîte de Français moyen,
lorsque des USA, de Grèce, du Canada
fusèrent à moi : adoubements, reconnaissances et félicitations
mais aussi force remontrances
pour être aimé de l’écriture et pour ne point écrire…
Qu’aurais-je bien pu brandir comme embryon d’excuse :
pas même d’être privé d’une égérie :
Ya que eres mi bonita
pequeña Princesa…
Depuis toi le temps, mon temps, s’est disloqué.
Je revois ma vie par morceaux :
vitraux gothiques et verres psychédéliques ;
lacs de turquoise et campagne délavée ;
musiques royales hoquets de bal-musette.
Je veux recomposer la partition des souvenirs :
Porque eres la bonita
pequeña Princesa…
Je t’ai rêvée vivant au Moyen-Age
en cothardie avec brassards ;
avec un hennin haut, à cornes ou bien carré ;
avec la robe d’Eliette, la robe d’Hersande ou la robe de Bertrade.
Ou plus troublante la robe décolletée carrée
qui est d’azur et d’or,
avec les babouches d’Emeline :
Porque eres la bonita
pequeña Princesa…
Par Teresa de Cepeda
y Aumada
Et par le très saint Jean Yepes ;
par Miguel de Cervantes Saavedra
et par Federico Garcia Lorca :
L’Espagne est en marche en mon cœur.
Je veux la découvrir et m’envoler à sa conquête :
Porque eres la bonita
pequeña Princesa…
Je n’oublie pas les orgues et leurs chamades
qui sonnent et résonnent, étincellent ;
par Antonio de Cabezon et Juan Cabanilles,
Francisco de Arauxo.
Sais-tu que je puis même te composer
une pièce triomphante sur la trompeteria
à faire éclater sur les orgues
de Tolède
à Salamanque en passant par Grenade ?
Porque eres la bonita
pequena Princesa…
Y por eso yo saludo a España
con los sentimientos más respetuosos
para su rey Juan Carlos I
Yo lamento no ser su súbdito.
Y por eso mi poesía se vuelve hacia tí
y con reverencia muy especial:
Porque eres la bonita
pequeña Princesa…
Dijon - 1er Mai 2006
_____________________
"Coeur sans Frontière" - www.nicolas-sylvain.jimdo.com